L’église de St Sulpice

*********

 

Ce dessin d’après nature, de Gaston Goupil , daté de janvier 1914, (dont une copie postérieure est légèrement différente), ainsi qu’une photo du retable sont les seules représentations visuelles connues de la petite église de Saint Sulpice de Nully. Nous devons leurs publications en 1914 et 1926 à René Gobillot et à la Société Percheronne d’Histoire et d’Archéologie, dont il était membre. (1)

 

Si par bonheur un de nos lecteurs avait dans ses archives, une autre gravure, photo ou carte ancienne de cette église, il nous ferait un grand plaisir de nous en fournir une reproduction.

 

L’église mesurait environ 19 m de long sur 7m40 de large pour la nef et 6m40 de large pour le chœur, au nord duquel s’appuyait la sacristie, pour une superficie totale de 146m2.

 

Construite en pierres, ses murs bas soutenaient une toiture aigue couverte en tuiles. Très simple, elle se composait d’un chœur et d’une nef unique sans transept. L’élégante flèche d’ardoises du clocher se dressait au dessus du portail qui comportait une simple voussure en plein cintre. Le clocher ne reposait pas sur les murs de l'église mais sur 4 piliers de bois indépendants de la maçonnerie. Il était autrefois garni de 2 cloches. Le plafond était lambrissé (voute en bois) comme l'était autrefois celui de l'église de St Hilaire. Le chœur dont la charpente était moins élevée que celle de la nef était séparé de celle ci par une arcade de muraille ou arc triomphal surmonté d’un beau crucifix et d’un buste en bois. Le claveau central de l’arc portait la date de 1761. La nef, plus longue et plus large que le chœur, n'était éclairée que par trois fenêtres cintrées (2 au sud, 1 au nord) et contenait deux autels secondaires situés de chaque coté de l'arc triomphal. Leur tabernacle était surmonté d’une niche encadrée de deux pilastres qui soutenaient un entablement portant, au centre, une croix et à ses extrémités deux pots à feu, à l’aplomb des pilastres. L’autel de gauche, dédié à la vierge, était surmontait d'une Piéta. Celui de droite, au dessus duquel étaient placées les statues de St Julien et St Adrien, était dédié à St Gilles. Le chœur était muni de deux fenêtres au sud et possédait un maitre-autel en pierre du XVIIIe, dédié à St Sulpice dont le retable était semblable à celui de Ste Céronne et quelques autres de la région (Feings, Comblot, …). Il se composait d'un ordre corinthien de quatre colonnes qui soutenaient un entablement sur lequel était disposé une niche contenant une piéta encadrée de deux colonnettes décorées de feuillages et d'enroulements. Les quatre colonnes étaient enroulées de ceps de vigne sculptés sur le tiers inférieur de leur hauteur, et cannelées sur les deux autres tiers. Au bas de l’église, près des portes, se trouvait la cuve baptismale taillée en un seul bloc de pierre avec cuvette de plomb et un petit bénitier également en pierre, orné de cannelures. (1)

 

(photo retable St Sulpice et photo retable Ste Céronne)

En déplaçant le pointeur de souris alternativement dans la photo et à l'extérieur vous pouvez comparer le retable de St Sulpice à celui de Ste Céronne.

 

L’église contenait les reliques de St Sulpice composées d'un morceau de crane enchâssé dans un reliquaire en bois peint en forme de buste et recouvert d'un verre, accompagné d'un morceau de papier portant l'inscription " ici a un des os du Benoist St Sulpice". Il était d'usage d'exposer ces reliques le jour de la fête de St Sulpice. Par ordonnance épiscopale de Mgr d'Aquin, Evêque de Sées, l'exposition de ces reliques fût interdite au début du 18è siècle, à défaut d'authentification certaine. En 1746, l'autorisation d'exposer à nouveau la relique fût refusée à Charles Bourgouin, curé, qui en avait fait la demande.

Un procès verbal de visite épiscopale du début du XVIIIè nous apprend qu’il y a une sépulture dans l’église par fondation sans préciser qui y est inhumé. En 1914, René Gobillot déclare qu’il y a des sépultures par fondations dans l’église. (2)

 

 

 Le plan cadastral de 1830 permet de retrouver l’emplacement exact de l’église de St Sulpice et du presbytère. Dans la petite vidéo ci-dessous, voici ce plan qui est reconstitué par assemblage des sections K et L et comparé à une vue aérienne de 2015.

 video : plan 1830 comparé à une vue aérienne 2015

 

Pour découvrir cet emplacement, lorsque l’on descend vers St Hilaire depuis la route de Moulins sur la D 602, au calvaire de St Sulpice, il faut emprunter à droite la voie communale qui traverse le village et aboutit au lieudit « La Grande Fontaine ». A la sortie du hameau, après avoir dépassé sur la gauche un ancien petit puits couvert en pierre, à peine 30 mètres après la dernière habitation, on aperçoit un petit bosquet sur la droite qui surplombe le chemin de quelques mètres. C’est sur ce petit promontoire calcaire que se dressait autrefois l’église, au carrefour du chemin de St Sulpice à Mortagne passant par la Grande Fontaine et du chemin de la Vigne, aujourd’hui disparu, rejoignant la route de Moulins la Marche [voir video ci-dessus]. Son accès un peu rude se faisait par un escalier de pierres. Le cimetière, bordé de haies, entourait l’église sur un terrain d’environ 900 m2. Elle devait dater de la fin du XVe siècle, début du XVIe siècle, comme beaucoup d’églises de la région reconstruite après la guerre de cent ans sur les vestiges des anciennes églises.

Aujourd’hui, en escaladant ce petit promontoire entièrement boisé (terrain privé), nous pouvons entrevoir par endroits, la haie de buis qui entourait le cimetière. Le sous bois, très bosselé, est recouvert de lierres sous lequel apparaissent quelques amas de pierres, derniers vestiges de la petite église.

(voir diaporama emplacement ci-après)

 

 Sources :

(1) BNF-Gallica : bulletin SPHA 1914(T13-page 139)

et Médiathèque de Mortagne : livret « L’église de Saint Sulpice de Nully » - 1914 – par René Gobillot

(2) A.D. cote G 1091

 

< La paroisse                                                haut de page                                            La cure  > 

Diaporama