En mémoire de St Sulpice de Nully

Avant la démolition de l’église de St Sulpice, un lecteur inconnu du journal "Le Mortagnais" faisait publier ces quelques lignes dans l’édition du 10 octobre 1926 : « la petite église de Saint Sulpice de Nully est condamnée et les larmes que l'on peut verser sur elle ne la sauveront point. La pioche du démolisseur est levée sur elle.

Si nous ne pouvons conserver cette église, ne pourrait on pas en perpétuer la mémoire et conserver, spiritualisé, le coin de terre sur lequel elle s'élève.

Comment ? En érigeant sur  cette bande de terrain à la place même de l'église, un calvaire qui rappellerait aux générations présentes et futures que là une vieille église s'élevait où les ancêtres sont venus s'agenouiller, prier et accompagner leurs morts. » (1)

Nous ne savons pas qui a écrit cet article mais en 1936, Mr de Parfouru, demeurant au château de la Grossinière à Courgeoust se rendait acquéreur de l'emplacement de l'église et du cimetière. Il décédait la même année. Pourquoi avait-il acquis ce petit terrain à l'abandon ? Y avait-il un ancêtre d'inhumé ou peut-être était-il l'auteur de ce courrier adressé 10 ans plus tôt au journal Le Mortagnais et l'avait-il acquis dans le but d'y faire ériger ce calvaire ?

L’une des héritières que j’avais contactée en 1996 m’avait déclaré ne pas connaitre le motif de l'achat de cette parcelle de terrain. Elle pensait que Mr de Parfouru avait acheté l'église avant sa destruction pour récupérer son contenu et en garnir la chapelle du château de la Grossinière à Courgeoust qui avait été dévalisée.  Ce qui n’est pas possible puisqu’il avait acheté le terrain nu après démolition de l’église.

Mr de Parfouru a donc emmené avec lui le secret de cet achat dans sa tombe à moins qu’il ne soit dans les 11 mètres linéaires de documents versés par sa succession aux archives départementales de l’Orne. Volume important d’archives de cette famille que je n’ai eu ni le temps ni le courage de consulter !

Aujourd’hui, les héritiers de Mr de Parfouru sont toujours propriétaires de cette parcelle de terrain boisée sur laquelle aucun calvaire n’a été érigé.

 

Le calvaire de St Sulpice

A une date inconnue, un calvaire avait été élevé au carrefour de la RD 602 qui descend de la route de Moulins vers St Hilaire et du chemin qui mène au village de St Sulpice et au lieu de La Grande Fontaine. Etant lui aussi tombé sous le poids des ans, il ne restait qu’un piédestal ancien lorsqu’en 1958, quelques habitants du village envisagèrent sa restauration avec le soutien de l’abbé Planckeel nouvellement promu curé de St Hilaire et Ste Céronne. En guise de restauration, ce fut en réalité une reconstruction puisque le calvaire fut refait à neuf et le socle fut reconstruit par Raymond Dubos, maçon à St Hilaire aidé de Daniel Follet, avec des pierres provenant des restes des ruines de l’église. Cette réhabilitation est à mettre à l’initiative des habitants de St Sulpice dont notamment les familles Richard, Legoux et Paul Vandenberghe, confiseur à Tourcoing, dont le fils était missionnaire, propriétaire des terres et bâtiments de Bellevue ainsi que du terrain de l’ancien presbytère.

La bénédiction et l’installation se déroula le dimanche 18 juillet 1958. La cérémonie commença dès 10h30 par une grand’messe en l’église de St Hilaire le Châtel qui avait peine à contenir tous les habitants présents. La messe fut célébrée par Mgr Lefèvre, directeur général de l’œuvre Expiatoire de Montligeon, assisté de M le chanoine de la Marandais, directeur de l’imprimerie de la Chapelle et de M l’abbé Broux, chapelain de la basilique de La Chapelle Montligeon.

Puis à 15 h, c’est par une procession que fut acheminé la croix, portée par douze jeunes de la commune, de St Hilaire à St Sulpice, au chant des cantiques par la chorale paroissiale et la chorale de Notre Dame de Montligeon. Une fois le calvaire placé sur son socle neuf, après une éloquente intervention de M l’abbé Touchard, missionnaire diocésain ; Mgr Chorin, vicaire apostolique de Bangkok assisté de M l’archiprêtre Fauvel, curé de Notre Dame de Mortagne procéda à la bénédiction du calvaire. C’est sur demande de M. l’abbé Planckeel que Mgr Chorin avait été invité à venir de Bangkok, capitale du Siam, aujourd’hui la Thaïlande, pour procéder à cette bénédiction. (2)


voir le diaporama de la cérémonie en fin d'article

(photos 1 à 4 collection Gabriel Desavis)

 

 

La statue de St Sulpice, le battant de cloche …

 

En dehors de ce calvaire, que subsiste-t-il aujourd'hui comme souvenir de l'église, de la paroisse ou de la commune de St Sulpice de Nully ?

A vrai dire, trop peu de choses :

- comme annoncé dans la présentation de ces articles, la rue de Nully, dans le bourg de St Hilaire, en souvenir du nom des seigneurs du lieu.

 




- bien évidemment, comme également déjà présenté dans un article précédent,

             la statue de St Sulpice en l’église de St Hilaire.






 

 


 

 - le battant de la cloche conservé en l'église de St Hilaire

(derrière une vitre sous la bannière des Charitons de St Hilaire). 


 






   




  - le cachet de la mairie de St Sulpice conservé à la mairie de St Hilaire. 

 






 

- sans oublier tous les documents (trop rares) dont ceux conservés aux archives départementales de l’Orne parmi lesquels le dessin de Gaston Goupil et les articles de René Gobillot, presque les seuls ayant permis de donner une description précise de la petite église.

Et maintenant cet ensemble d’articles publiés sur le site internet de St Hilaire le Châtel.

J.M.

Sources :

(1) A.D. Orne : cote PER 5051/16

(2) A.D. Orne : cote PER 5077/108 


   

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