Henri HUITERMAYER est né le 14 octobre 1891, au 123 boulevard du Port Royal, Paris XIVème. De père inconnu, il est le fils de Pauline HUITERMAYER, âgée de 25 ans, domestique domiciliée à Angsbourg en Bavière. Abandonné par sa mère (peut-être repartie en Allemagne), il est recueilli et pris en charge par l’assistance publique de la Seine. Il arrive très jeune à St Hilaire. Lors du recensement de 1901, alors qu’il n’a que 9 ans, il est placé chez Louis Collas, cultivateur à Mousselée. Il y est toujours en 1906 employé comme domestique. En 1911, il est domestique chez Louis Chantepie, cultivateur à Boyères.
De la classe 1911, il est recensé sous le numéro matricule 621 au centre de recrutement d’Alençon et se déclare cultivateur à St Hilaire lès Mortagne - taille : 1m71.
Il est incorporé soldat de 2ème classe le 10 octobre 1912 au 103ème RI où il passe 1ère classe le 26 février 1913 puis caporal le 10 octobre 1913.
Le 103ème RI comprend 3 bataillons : les 1er et 2ème bataillons ayant leur casernement à Paris et le 3ème bataillon à Alençon. C’est donc dans ce 3ème bataillon à Alençon qu’est incorporé Henri HUITERMAYER. Ce régiment dépend de la 14ème Brigade, elle-même de la 7ème Division et du 4ème Corps d’Armée.
A la mobilisation, le 3ème bataillon dirigé par le commandant Vicq, composé de nombreux sarthois, mayennais et ornais dont Henri Huitermayer, embarque à Alençon le 7 août et se rend dans la direction de Verdun où il cantonne sur les communes de Charny et Chattancourt, à moins de 10 km au nord de Verdun. Il est rejoint le lendemain par les 1er et 2ème bataillons partis de Paris et cantonnés sur les communes voisines de Vacherauville et Champneuville. Les 3 bataillons se regroupent le 10 août à Mogeville puis reçoivent l’ordre de se porter en réserve de division à Azannes, situé à 20 km au N/E de Verdun.
Les Allemands ont déjà envahi la Belgique et concentrent leurs forces près des frontières franco-belge et franco-allemande. Depuis le 7 août, jour de leur départ d’Alençon, s’est déjà engagée la bataille des frontières > voir évolution des lignes du 14 au 23 août 1914 .
Du 11 au 16 août, le 103ème RI reste en position de rassemblement à Azannes. Il est alors à environ 60 km des lignes de combat. Le 17 août, le régiment part en direction du front, passe la frontière le 21 août et cantonne en Belgique à Gomery (2ème bataillon) et Latour (1er et 3ème bataillons). Les fantassins ont effectué 35 km de marche sur cette dernière journée sans véritable repas et sont épuisés. Mais ce n’est rien à côté de ce qui les attend le lendemain car les forces allemandes sont alors à moins de 3 km.
Reconstitution (sur Google Maps) du parcours du 103ème RI et de Henri HUITERMAYER de Verdun à Ethe - du 7 au 21 août
Depuis le matin du 21, s’est engagée la bataille des Ardennes appelée aussi bataille de Longwy-Neufchâteau qui a duré 3 jours (21 au 23 août) et fut l’un des terribles épisodes de la bataille des frontières et de la Grande guerre.
22 août, le combat d’Ethe :
- 2h15 du matin, ordre est donné à la 7ème division (dont fait parti le 103ème RI) de se porter sur Saint Léger et Vance par Ethé avec comme consigne pour tous les régiments : « l’ennemi sera attaqué partout où il sera rencontré ».
- 4 h, les hommes sont prêts à partir, arme au pied ;
- 4h30, premiers combats d’avant-garde à Ethe ;
- 5 h, toutes les unités de la 7ème division sont en marche vers Ethe ou vers Bleid sous un épais brouillard ;
- 7 h, l’avant-garde de la 7è division se trouve subitement sous une trombe de balles qui s’abattent sur la route. Des fractions des 9e et 12e compagnies du 103e R.I. font le coup de feu contre les Allemands abrités.
Ces derniers sont dans Ethe et tout autour du village depuis au moins deux jours, à la surprise de l’Etat Major français qui n’avait pas bien évalué les forces et les positions allemandes, pensant les contourner par cette route pour les attaquer par la suite sur leurs flancs. En réalité, les soldats français se trouvent face à l’armée allemande qu’elle attaque de front. Les allemands sont déjà présents en plus grand nombre et en position.
Toute la journée, de violents combats vont opposer les soldats français de la 7ème Division à l’armée allemande sur un terrain très accidenté, de chaque côté de la vallée du Ton, entourée de forêts.
A 18 h, le combat est rompu. Sur l’appel des clairons, les Allemands se retirent.
Les Français pensent alors avoir gagné le combat, mais en réalité il n’en est rien, tant les pertes sont considérables (presque le double du côté français).
En une seule journée, près de 2200 soldats français ont trouvé la mort à Ethe dont Henri HUITERMAYER et son voisin de Ste Céronne, Armand BOULAY . Ils ont perdu la vie dès leur premier jour de combat. Le 103ème RI a perdu 60% de ses effectifs au combat d’Ethe.
Et il en a été malheureusement ainsi sur tout le front de la bataille des Ardennes : à Virton, Bellefontaine, Neufchâteau, Ochamps, Bertrix, Maissin et surtout à Rossignol où 7000 français ont trouvé la mort contre environ 1000 allemands.
Avec 27000 morts et 30000 prisonniers, cette journée du 22 août 1914 est la plus meurtrière de toute l’histoire de France. Du 7 au 23 août, la bataille des frontières a causé la perte de 130000 soldats français (tués ou disparus) auxquels il faut ajouter les 78000 blessés.
Les Français avaient réussi au prix de milliers de morts à stopper provisoirement l’avance allemande mais dès le surlendemain, compte tenu des pertes immenses en hommes et matériel, l’ordre de repli avait été ordonné. Repli qui s’effectuera du 25 août au 5 septembre jusqu’aux portes de Paris.
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Henri HUITERMAYER a donc été porté disparu le 22 août à Ethe. Sur sa fiche matricule il est précisé qu’il est décédé (antérieurement au 10/3/1915) suite à blessures de guerre et inhumé par les soins des autorités allemandes. Nous ne possédons aucune information sur le lieu d’inhumation. Le lendemain des combats les corps furent souvent enterrés sur place par les habitants et les tombes étaient éparpillées sur tout le territoire. Dès 1915, les allemands avaient fait ouvrir plusieurs cimetières militaires pour regrouper les tombes. Plusieurs de ces cimetières sont aujourd’hui désaffectés. Les corps ont été exhumés et pour partie rendus aux familles, le surplus éyant été transféré dans les cimetières voisins. Pour les nombreux soldats non identifiés, leurs restes reposent en général dans des fosses communes. Henri Huitermayer repose peut-être dans l’ossuaire du cimetière de Bellevue à Virton où ont été regroupé les corps des très nombreux soldats inconnus tombés dans les villages voisins.
Ossuaire du cimetière de Bellevue à Virton
Son décès a été transcrit dans le registre de l’état civil de St Hilaire le 4/3/1921 suite au jugement du Tribunal civil de première instance de Mortagne du 16/2/1921 valant acte de décès.
Le 25 septembre 1920, il recevait la médaille militaire à titre posthume :
Croix de guerre avec étoile de bronze
accompagnée de l’éloge suivant :
« caporal, excellent gradé, dévoué et fidèle au devoir, a déployé, au cours des opérations actives auxquelles il a pris part, les plus belles qualités d’entrain, d’énergie et d’abnégation. Mort pour la France à Hébuterne. »
(erreur du lieu de décès dans la publication du journal officiel)