Eugène OLIVIER est né le 17 septembre 1884 à Feings, fils naturel d’Euphrasine OLIVIER qui a eu cinq autres enfants dont trois naturels et deux issu de son mariage avec Désiré LEGUET. Sa mère était native de St Mard de Réno mais la famille OLIVIER était originaire de Courtoulin et Bazoches sur Hoëne.
De la classe 1904, il est recensé sous le numéro matricule 1420 au centre de recrutement de Chatellerault et se déclare cultivateur à Roiffé (Vienne). Taille 1m62.
Engagé volontaire pour 4 ans le 7 novembre 1902, il intègre le 130ème RI, passe au 8ème RIC le 2/3/1904 puis au 1er RIC le 12/4/1905. Il prend un engagement supplémentaire d’un an, passe au 9ème RIC le 15/11/1905 et revient au 1er RIC le 16/8/1907. Il a participé à la campagne au Tonkin du 15/11/1905 au 29/9/1907 et devient réserviste le 7/11/1907.
A la mobilisation, il est toujours célibataire et ouvrier agricole à St Hilaire lès Mortagne.
Il est mobilisé le 3/8/1914 au 3ème RIC.
Le 3ème RIMA dont l’origine remonte à 1831, prend l’appellation de 3ème RIC en 1900. Il comprend 3 bataillons de chacun 4 compagnies. Le casernement se situe à Rochefort. En 1914, il dépend de la 3eme Brigade, elle-même de la 3ème Division d’Infanterie Coloniale de Brest.
Le 3ème RIC et Eugène Olivier quittent Rochefort dans la nuit du 7 au 8 août. Ils arrivent en gare de Mussey (Meuse), au N/O de Bar le Duc le 10 août.
Du 11 au 21 août, le régiment s’achemine vers le front et la frontière belge qu’il atteint le 21 après de dures journées de marche.
Le 22 août, il reçoit l’ordre d’avancer vers Neufchâteau, par St Vincent et Rossignol. Dès la fin de la matinée, les 3 bataillons sont pris sous un déluge de feu allemand à hauteur de Breuvannes. Ils sont cloués sur place et n’atteindront pas le village de Rossignol. A 19 heures, le régiment bat en retraite, ayant subi des pertes énormes. Dans cette seule journée, le 3ème RIC a perdu 2085 hommes : tués, blessés ou disparus.
Du 23 août au 5 septembre, le 3ème RIC bat en retraite jusqu’au sud de Vitry le François en opposant quelques résistances.
Le 27 août, il a pour objectif d’enrayer l’avance allemande dans le secteur de Luzy St Martin / Cesse et perd 117 hommes dans ce combat.
Le 3 septembre, le régiment perd à nouveau 127 hommes au combat sur la ligne de défense St Rémy/Somme-Tourbe.
Le 5 septembre, sur ordre de l’Etat Major, il stoppe sa retraite à Orconte qui se situe à mi-chemin entre Vitry le François et St Dizier. Dès le lendemain, il va participer à la bataille de la Marne (6 au 12 septembre), organiser la contre attaque sur la ligne Cloyes/Norroy et repousser l’armée allemande jusqu’à Malmy (14 septembre).
Reconstitution (sur Google Maps) du parcours du 3ème RIC
du 11 août 1914 au 24 février 1915
Le 15 septembre, à son tour, le régiment est stoppé à Ville sur Tourbe par l’armée allemande qui y a fortifié ses positions. Commence alors pour le 3ème RIC, une nouvelle forme de guerre : la guerre de tranchées. Pendant 4 mois, il va renforcer ses lignes et devoir défendre ce secteur de Ville sur Tourbe avec le 7ème colonial, tantôt repoussant des attaques allemandes (17, 18, 26/9 ; 1/10 ; 23/12), tantôt participant à des attaques des lignes allemandes (22, 28/12).
Combat du Fortin de Beauséjour :
Le 24 février 1915, le colonel Condamy, commandant le régiment, reçoit l’ordre de prendre le fortin de Beauséjour, situé au N/O de Minaucourt (Marne). Cet ouvrage a déjà été pris et perdu 7 fois ; enlevé et reperdu le 24 par le 22ème RIC.
L’assaut est donné à 15h45 le 27 février. Au prix d’énormes pertes, le fortin est conquis. Mais l’ennemi lance quatre contre-attaques successives dont la dernière le 28 février à 8 heures, est d’une violence inouïe. Le 3ème RIC conserve la place mais voit 1015 de ses hommes tomber lors de ce combat : 576 blessés, 250 disparus et 189 tués dont Eugène OLIVIER.
Monument commémoratif 3e de Marine (3e R.I.C.) [Le Mesnil-lès-Hurlus]
Prés des ruines de la ferme de Beauséjour dans le camp de Suippes
"Le 3ème de Marine à ses anciens - Beauséjour 1915"
Cette photographie est sous licence d'usage CC BY-NC-SA 2.0 - [ Photo Bernard BUTET ]
Eugène OLIVIER a donc été déclaré « Mort pour la France » le 28 février 1915 à Beauséjour en vertu du jugement du Tribunal civil de première instance de Mortagne du 7/7/1921, transcrit dans les registres d’état civil de St Hilaire le 19/7/1921.
Sans doute repose-t-il à la Nécropole nationale « Le Pont de Marson » à Minaucourt-Le Mesnil lès Hurlus dans l’un des 6 ossuaires où reposent les soldats inconnus. A moins qu’il ne figure dans la tombe 7914 sous le nom de « OLLIVIER Eugène » sans indication de date de décès ni de régiment ?
Située dans la Marne, à quelques kilomètres au nord-est de Suippes, cette nécropole d'une superficie de 4,4 hectares regroupe 21 319 corps, pour l'essentiel de combattants de la Première Guerre mondiale (un corps de soldat de 39-45) : 21 291 Français dont 12 223 inhumés dans six ossuaires, 25 Tchèques et 2 Serbes.
Elle a été aménagée par étapes successives de 1922 à 1929, sur l'emplacement du cimetière militaire créé durant la bataille de Champagne, en 1915, alors dénommé "le Pont du Marson".
Y ont été regroupés les corps exhumés des cimetières des environs : Minaucourt, Ville-sur-Tourbe, Virginy, Les Aigneux, Valmy, Auve, Rouvroy, Cernay-en-Dormois, Somme-Bionne, Hans, Laval, Berzieux, Fontaine-en-Dormois, Wargemoulin, Gratreuil dans la Marne, Autry, Bouconville dans les Ardennes, ainsi que des tombes isolées du secteur Beauséjour-Ville-sur-tourbe.
En 1923, il lui est attribuét la médaille militaire à titre posthume :
- Croix de guerre avec étoile de bronze ;
Accompagnée de l’éloge suivant :
- « soldat énergique et plein d’allant. Mortellement blessé, le 28 février 1915, à Beauséjour, dans l’accomplissement de son devoir ».
(publié au JO le 17/9/1923)