Ernest BONHOMME est né le 13 juin 1895 au hameau du Grand Fresne à Saint Hilaire lès Mortagne, fils d’Auguste BONHOMME et de Rose REVERT, cultivateurs en cette commune. Son père était natif de Villiers sous Mortagne et la famille BONHOMME  était originaire de Bazoches sur Hoëne depuis au moins le XVIIème siècle.

De la classe 1915, il est recensé sous le numéro matricule 517 au centre de recrutement d’Alençon et se déclare cultivateur à St Hilaire – Taille 1m81.

Appelé le 15 décembre 1914, il intègre le 101ème RI puis il passe au 315ème RI, sur le front, le 29 septembre 1915.



Au moment de la mobilisation, le 101ème RI  comprend 3 bataillons de chacun 4 compagnies (1ère à 12ème Cie). Les casernements se situent à Dreux et St Cloud.

Il fait partie jusqu’en juin 1915 du 4ème CA (corps d’armée), 13ème brigade, 7ème division.

En juin 1915, il intègre la 247ème brigade, 124ème division, toujours au 4ème CA et il est remplacé à la 13ème brigade par le 315ème RI.




En 1914, le 315ème RI  est constitué avec les bataillons de réserve du 115ème RI dont le dépôt est à Mamers. Il dépend du 4ème CA non endivisionné. Il est composé des 5ème et 6ème bataillons (17ème à 24ème Cie). Bien que qualifié de régiment de réserve et comprenant en majeure partie des réservistes de 25 ans à 30 ans, il ne tarde pas, sous la pression des événements, à marcher aux côtés des troupes actives en première ligne. En juin 1915, il intègre la 13ème brigade, 7ème division avec création d’un bataillon supplémentaire (4ème bataillon > 13ème à 16ème compagnie).

C’est sans doute à la caserne de Dreux qu’Ernest BONHOMME arrive le 15 décembre 1914 pour subir la formation accélérée au maniement des armes. Sa fiche matricule ne nous précise pas à quelle date il est envoyé aux armées pour rejoindre le 101ème RI  sur le front. Sachant que la durée d’instruction, en temps de guerre, pouvait varier de 2 à 6 mois, on peut donc penser qu’il a rejoint le front au printemps 1915.

Positions du 101ème RI :

De fin mars à début juin 1915, le 101ème occupe les tranchées dans le secteur de Jonchery sur Suippes (entre Reims et Verdun).

A compter du 10 juin 1915, désormais rattaché à la 124ème division, le régiment quitte le secteur de Jonchery pour aller occuper les tranchées du secteur de la ferme de Moscou (commune de Prosnes), au nord de Baconnes, à l’ouest d’Auberive sur Suippes.

Jusqu’à septembre 1915, il occupe cet emplacement, chargé de son aménagement, d’installation de défense et de l’approvisionnement en munitions du secteur en vue d’une proche offensive d’envergure. Pendant cette période, les combats ne sont pas très fréquents et se limitent à quelques bombardements et escarmouches suite à des reconnaissances ennemies.

On peut donc penser qu’Ernest BONHOMME a participé aux mouvements du 101ème de mars à fin septembre 1915.

Positions du 315ème RI :

De fin juillet à fin septembre 1915, le 315ème occupe les tranchées au sud d’Auberive.  Le 315ème et le 101ème dépendent tous les deux du même corps d’armée ; leurs positions sont donc très proches ainsi qu’on peut le voir sur la carte ci-dessous.

La bataille de Champagne  : (25/9 au 6/10)

Le 25 septembre : les 2ème et 4ème armées (375000 hommes) ont pour objectif  d’enfoncer les lignes allemandes sur un front d’environ 30 km s’étendant d’Auberive à Ville sur Tourbe

  - le 101ème a pour mission d’attaquer les lignes allemandes à l’ouest d’Auberive, au sud du Mont sans Nom (bois Crochet) ;

  - le 315ème, en première ligne, a pour mission de s’emparer d’Auberive.

L’offensive est déclenchée à 9h15 du matin. Globalement, en fin de journée, la progression sur la ligne de front est très inégale. La première ligne allemande est partiellement prise avec nombre de prisonniers et une quantité importante d'armement. Toutefois, des points de résistance majeurs et complexes subsistent. Les troupes qui sont parvenues à la deuxième ligne sont arrêtées par un dispositif intact et la percée recherchée par les Français n'est pas atteinte.

Dans cette seule journée, le 4ème CA a perdu 5286 hommes (tués, blessés ou disparus) dont 681 pour le 101ème et 1363 pour le 315ème. Cette journée est l’une des plus meurtrières de l’histoire de France (plus de 23000 morts sur l’ensemble du front). Certains considèrent même qu’elle fut plus meurtrière  que la terrible journée du 22 août 1914 lors de la bataille des Ardennes.

Du 26 au 28 septembre, l’offensive continue mais les troupes françaises se heurtent toujours à la deuxième ligne de défense allemande.

Les 28 et 29 septembre, compte tenu des nombreuses pertes, l’Etat Major du 4ème CA organise une redistribution des effectifs. Le 315ème qui a subi les pertes les plus importantes, reçoit le renfort de 614 hommes du 101ème (dont Ernest BONHOMME ainsi qu’il est noté sur sa fiche matricule – sans doute au 4è bataillon, 13è compagnie).

Le 1er octobre, 2 compagnies du 4ème bataillon du 315è RI sont déployées sur la rive droite de la Suippes et 2 autres du 5ème bataillon sur la rive gauche, à hauteur d’Auberive. Le même jour, ces lignes subissent de gros bombardements de l’ennemi. C’est très probablement lors de ces bombardements, près d’Auberive, qu’Ernest BONHOMME a été blessé.

Le soir du 6 octobre, le général Joffre décide d’arrêter l’opération. Le front n’a progressé, au mieux,  que de 3 à 4 km au prix d’énormes pertes. La seconde bataille de Champagne a fait 27 851 tués, 98 305 blessés, 53 658 prisonniers et disparus du côté français, soit près de la moitié de l’effectif engagé et des pertes beaucoup plus faibles du côté allemand.

Reconstitution (sur Google Maps) du parcours des 101ème et 315ème RI de mars à octobre 1915

 > Lien vers carte 

 

Ernest BONHOMME a été déclaré « Mort pour la France » le 2 octobre 1915, à 11 heures du matin, à l’ambulance 5/4 de Mourmelon le Grand (5ème ambulance du 4ème CA), où il avait été transporté suite aux blessures reçues la veille à Auberive sur Suippes.



Son acte de décès a été transcrit le 1er décembre 1915 dans les registres de St Hilaire lès Mortagne.



Son corps a été ramené à St Hilaire où il repose dans une tombe commune avec Jules MARIETTE et Modeste DESAVIS.



Son frère, Auguste OLIVIER (classe 1904), a participé à la grande guerre du 6/8/1914 au 11/6/1918. Grièvement blessé le 11 juin 1918, il fut pensionné à 100% suite à « amputation de la cuisse droite au ¼ supérieur par plaie du genou par balle ». Il a reçu la médaille militaire (JO du 25/1/1919).     








En 1920, BONHOMME Ernest Armand, soldat matricule 7374, recevait la médaille militaire à titre posthume  :

    - Croix de guerre avec étoile de bronze ;

Accompagnée de l’éloge suivant :

     «  brave soldat, a toujours donné entière satisfaction par sa manière de servir. Mort pour la France, le 2 octobre 1915, des suites de ses blessures » . (JO du 28/11/1920).


En 1922, BONHOMME Ernest Armand, soldat matricule 7374, recevait la médaille militaire à titre posthume :

    - Croix de guerre avec étoile de bronze ;

Accompagnée de l’éloge suivant :

     «  soldat brave et dévoué. Mort glorieusement pour la France, des suites de blessures reçues à l’ennemi, le 25 septembre 1915, à Auberives sur Suippes, en accomplissant son devoir « . (JO du 2/8/1922).





NB : certaines anomalies ou discordances existent dans les documents relatifs à ce poilu :

  - au journal officiel, il apparait médaillé 2 fois, avec des dates différentes (blessé le 25/9 ou décédé le 2/10/1915), matricule 7374 (c’est son n° matricule au 101è) ;

  - sa fiche DC au Ministère des armées indique qu’il était soldat au 101è, matricule 9321 lors de son décès (alors que c’est son n° matricule au 315è) ;

  - son acte de décès indique également qu’il était soldat au 101è, 13è compagnie (il n’y avait pas de 13è Cie au 101è mais il y en avait bien une au 315è) ;

  - sa fiche matricule précise qu’il a été soldat au 101è (matricule 7374) puis au 315è (matricule 9321) et blessé le 1/10/1915 à Auberive sur Suippes. (à la lecture des JMO, c’est bien le 315è qui combattait à Auberive le 1er octobre).

Tous ces documents sont d’accord sur un seul point, la date et le lieu de décès (2/10/1915 à Mourmelon le Grand)

En conclusion, Ernest BONHOMME semble bien avoir été blessé à Auberive le 1er octobre 1915 alors qu’il était soldat de 2è classe au 315è, 13è compagnie (matricule 9321), et décédé le lendemain à Mourmelon le Grand.