Edouard RUETTE est né le 20 mai 1876 à St Hilaire lès Mortagne, au village de Ronel, fils de Jean RUETTE et de Marie LECONTE, cultivateurs. A l’état civil il est prénommé Henri Edouard Arsène. Son père était natif de St Hilaire mais la famille RUETTE était originaire du canton de Longny au Perche (Moulicent, Marchainville …)
De la classe 1896, il est recensé sous le numéro matricule 666 au centre de recrutement d’Alençon et se déclare cultivateur à St Hilaire. Taille 1m64.
Il est incorporé soldat de 2ème classe le 16 novembre 1897 au 130ème RI (garnison à Mayenne). Après 3 ans de service, il est envoyé en congé le 30/9/1900 et devient réserviste de l’armée active le 1/11/1900 puis relève ensuite de l’armée territoriale à compter du 1/10/1910.
Il est mobilisé et arrive au corps du 31ème RIT à Alençon le 4/8/1914 où il intègre la 11ème Cie du 3ème bataillon.
Le 31ème RIT a été créé le 1/8/1914 à Alençon, formé de 3 bataillons et 12 compagnies, composés de 3015 officiers et soldats. Pendant la grande guerre, les territoriaux, pour la plupart âgés de plus de 34 ans, ont principalement effectué divers travaux de terrassement, de fortification, de défense, entretien des routes et voies ferrées, creusement et réfection de tranchées et boyaux, maniant la pelle et la pioche, remuant des tonnes de terre. Ils ont également été chargés de missions de ravitaillement et autres missions de soutien aux troupes de première ligne, sous les bombardements et les gaz.
Le 5 août 1914, Edouard RUETTE et son régiment quitte Alençon avec notamment Modeste DESAVIS, Alphonse RIVIERE et Céleste BINOIS en direction de la gare de Paris-Batignolles.
Unités militaires auxquelles a été rattaché leur régiment :
Du 6 août 1914 au 2 mai 1915, le 31ème RIT fait partie du camp retranché de Paris > 83ème division territoriale > 166ème brigade.
NB : à compter de mai 1915, à défaut de JMO du 31ème RIT (non numérisés donc non consultables en ligne), la recherche des affectations successives du régiment dans différentes unités (brigades, divisions, corps d’armée) a été nécessaire pour retrouver le parcours précis du 31ème et de ses soldats noté dans les JMO de ces unités d’affectation.
A compter du 4 mai 1915, le 31ème RIT se trouve sous les ordres du général gouverneur militaire de la « place de Verdun » > Division de Marche de Verdun ou Division de Morlaincourt > 1ère brigade de marche de Verdun.
Le 7 juillet, la Division de marche devient la 132ème DI et la 1ère brigade de marche devient la 108ème brigade dont dépend le 31ème RIT.
Le 10 août, la 132ème DI est mise sous les ordres du général du secteur nord de la région fortifiée de Verdun (RFV) ainsi que la 108ème brigade et le 31ème RIT qui y est rattaché.
Le 15 septembre, le 31ème est rattaché à la 211ème brigade nouvellement créée à la 132ème DI.
A compter du 24 février 1916, les compagnies du 31ème vont être partagées ente les 211ème et 108ème brigades, toutes deux de la 132ème DI.
Le 26 février, l’ensemble passe sous les ordres du général du 2ème CA (dissolution de la RFV).
Le 19 mars 1916, le 31ème RIT est rattaché à la 72ème DI > 30ème CA.
Le 13 juin, le 31ème RIT accompagne la 72ème DI vers Montdidier (Somme).
Du 14 juin au 4 juillet, le 31ème est détaché de la 72è DI et travaille pour les 51ème, 58ème et 62ème DI.
Lieux successifs d’opérations du 31ème RIT
Secteurs 1 et 2 > nord/est et nord de Paris
Du 6 août au 2 septembre, le 31ème est chargé de la défense des forts du N/E de Paris : Cligancourt, Aubervilliers.
Du 2 septembre 1914 au 2 mai 1915, il est chargé de renforcer les défenses nord de Paris : creuser des tranchées, garder les ponts de l’Oise et de la Seine, effectuer d’importants travaux de défense sur les secteurs de Soisy, Chauvry, Maisons Laffitte, Meulan, Cormeilles, Nesles la Vallée, Chambly, St Leu la forêt, Conflans Ste Honorine, Cergy, St Ouen l’Aumone, Pontoise, etc ...
Le 3 mai 1915, le régiment quitte ses cantonnements de la région parisienne pour se rendre à Verdun.
Secteur 3 > Est de Verdun (Meuse)
Du 5 mai 1915 au 20 février 1916, le 31ème est chargé essentiellement du secteur de Fresnes en Woëvre, Pintheville, Manheulles, Riaville, Braquis avec cantonnement à Chatillon, Watronville, Blanzée (à l’est de Verdun).
La bataille de Verdun (21 février / 18 décembre 1916)
Le 21 février, l’armée allemande déclenche la bataille de Verdun. Pendant les dix premiers jours les bombardements et combats vont être intenses. Les territoriaux, surnommés les «pépères», du 31ème vont se retrouver en première ligne sur le front Moulainville/Fresnes en Woëvre et s’engager vaillamment à côté des actifs de la 132ème DI jusqu’au 15 mars 1916.
Le 16 mars, le régiment en entier se porte sur Salmagne (sud de Verdun) où il reçoit l’ordre d’un embarquement en direction de la Haute Saône.
Secteur 4 > Vesoul (Haute Saône), Montbéliard (Doubs), Belfort
Du 18 mars au 13 juin 1916, les soldats du 31è sont chargés des travaux de réalisation et d’entretien de la ligne de défense allant du N/E de Vesoul à Montbéliard et Belfort.
Le 13 juin, la 72ème DI dont le 31ème RIT quitte ce secteur et embarque pour la région de Montdidier.
Secteur 5 > région Montdidier / Amiens (Somme)
A compter du 14 juin, le régiment effectue des travaux, notamment de voies ferrées, entre Montdidier et Amiens, en préparation de la bataille de la Somme.
Reconstitution (sur Google Maps) du parcours du 31ème RIT du 6 août 1914 au 13 juin 1916
La bataille de la Somme (1er juillet / 18 novembre 1916)
Le 1er juillet 1916, les troupes alliées franco-britannique lance une offensive d’envergure afin de percer les lignes allemandes sur un front d’environ 45 km, proche de la Somme, dans un triangle compris entre les villes d’Albert, Péronne et Bapaume, à l’est d’Amiens. Cette bataille, qui durera plus de cinq mois, sera l’une des plus sanglantes de la grande guerre pour une avancée de seulement quelques kilomètres. 442000 hommes trouvèrent la mort ou furent portés disparus, dont 67000 français parmi lesquels figure Edouard RUETTE.
Il a été déclaré mort pour la France à Méharicourt (Somme) le 4 juillet 1916 à 17 heures, des suites de blessures de guerre.
Le JMO de la 58ème DI du 5 juillet, à laquelle 2 bataillons du 31ème RIT étaient rattachés, comporte l’annotation suivante « violent bombardement de Méharicourt hier soir en fin de journée, causant des pertes sérieuses à une corvée de soupe du 31è T (5 tués, 7 blessés) » - dont très certainement Edouard RUETTE. La « corvée de soupe » consistait pour un groupe de soldats –souvent des territoriaux- à aller chercher aux cantines en arrière la soupe et venir la distribuer dans les tranchées en première ligne.
Edouard RUETTE a été inhumé le lendemain au cimetière militaire de Méharicourt.
Son acte de décès a été transcrit dans le registre de St Hilaire le 21/9/1916.
Il repose désormais certainement à la Nécropole nationale de Maucourt qui fut créée en 1920 par le regroupement de sépultures du champ de bataille et du cimetière de guerre de Méharicourt – Elle comprend les tombes des victimes des combats de la Somme de juillet à octobre 1916 et rassemble 5302 corps de 1914-1918 dont 1534 Français répartis dans 6 ossuaires + 30 militaires de 39-45 dont 6 Britanniques.
Edouard RUETTE avait un jeune frère : Arsène, qui a fait la guerre et fut évacué 3 fois pour blessures et transita par les hôpitaux de Soisy sous Montmorency, Issy les Moulineaux, Béziers et Pézenas